Questions clés
Une liste de questions à se poser avant de s’engager.
Choisir des mots clés porteurs d’une vision du numérique
À quoi le numérique doit-il contribuer en priorité sur mon territoire ?
- Au développement économique local ? : expérimentation, innovation et création de nouveaux services ; augmentation de la compétitivité des entreprises ; amélioration de l’attractivité et de l’image de marque…
- À l’inclusion sociale et la démocratie locale ? : accès de tou·tes aux outils numériques (bornes et wi-fi public) ; services publics collaboratifs ; participation et co-construction citoyenne ; redevabilité et transparence accrues…
- À la durabilité des décisions d’aménagement ? : planification et prospective ; meilleure connaissance du territoire ; constitution et analyse de bases de données ; préservation des ressources naturelles…
- À la modernisation de l’administration locale ? : efficacité des procédures de gestion ; réduction des coûts et délais administratifs ; pertinence et légitimité des décisions grâce à la définition des priorités en fonction des besoins des populations…
Définir les usages que l’on veut faire du numérique
Soutenir la production et l’utilisation de l’information, et surtout des données
- Produire, collecter, stocker, traiter, analyser, partager des données : quelle(s) action(s) l’autorité locale doit-elle prendre en charge ?
- À quels types de données importantes pour le développement municipal et l’action publique, doit-on accorder la priorité : statistiques, décisions municipales, cartes, état civil ?
- À quelles fins l’autorité locale devra utiliser et exploiter les données générées : connaître, prévoir, contrôler, programmer ?
- Pour quels utilisateurs : l’administration locale, les autorités publiques tierces, le secteur privé, les citoyen·nes ?
- Quelles limites anticiper : capacité de stockage des données, formats de données, ignorance des problèmes pour lesquels il n’y a pas de données ?
Faciliter la communication et les échanges entre les acteurs du territoire
- Quelles priorités : relier des acteurs déconnectés, faire apparaître de nouveaux acteurs, favoriser de nouveaux modes d’échanges ?
- Quels acteurs : les usagers connectés, les populations vulnérables, le secteur privé, les entreprises informelles, les ONG ?
- À quelles fins : sensibiliser, consulter, ouvrir de nouveaux marchés, taxer, recenser ?
- Sous quelle forme : campagnes d’information, forums d’échanges, centres d’appels, réseaux sociaux, services marchands ?
- Avec quelles limites : alimenter des pratiques qui contournent les autorités locales, développer un système d’offres et de demandes qui exclut les plus vulnérables, dépendre d’intermédiaires ?
Concevoir un dispositif numérique inclusif
- Qui sont les exclu·es du numérique ou du service que l’on cherche à développer : les personnes âgées, les femmes, les quartiers périphériques, les entreprises informelles ?
- Pourquoi, quels sont les obstacles auxquels ils et elles sont confronté·es : coût trop élevé, barrière de l’alphabétisation, pratiques culturelles, zone non couverte ?
- Comment, quel dispositif ciblé mettre en place pour les inclure : cours d’alphabétisation numérique, médiation numérique, campagnes de communication, équipements et accès publics, design simplifié ?
- Avec qui : quels sont les intermédiaires les mieux placés pour transmettre les connaissances et les savoir-faire nécessaires à l’appropriation des outils numériques ?
Connaître le cadre national pour le numérique
- Quels sont les programmes nationaux et internationaux, les concours et appels à projets qui peuvent mobiliser des financements spécifiques pour l’innovation numérique ?
- Quels sont les programmes de déploiement des infrastructures de télécommunications sur le territoire, qui indiqueront les perspectives d’extension ou d’amélioration de la couverture ?
- Qui sont les régulateurs des télécommunications, des données ? Quel est le cadre de régulation, le degré d’ouverture et de concurrence dans le secteur ?
- Quelle est la répartition des compétences et responsabilités entre les différents niveaux de gouvernement, les éventuelles agences régionales ou provinciales qui peuvent servir de relais ?
- Quel est le cadre national sur la sécurité et la protection des données ?
Estimer la pénétration des TIC sur le territoire local
- Quelle est la couverture du réseau électrique et des réseaux de télécommunications au niveau national ? Ceci doit permettre de définir la connectivité au niveau d’une ville, mais aussi d’identifier de potentielles zones blanches où les connexions seront limitées ou difficiles (en périphérie par exemple).
- Quel est le taux d’équipement des ménages en téléphones, smartphones, tablettes et ordinateurs ? Comment cet équipement est-il réparti sur le territoire ?
- Quels sont les opérateurs locaux de téléphonie mobile et fournisseurs d’accès internet, leurs partenaires, leurs équipements (capacité des serveurs, data centres…) et leurs offres tarifaires ? Ceci doit permettre d’identifier de potentiels partenaires, les offres de services, les structures qui sont à la recherche du développement de leur marché, et aussi l’accessibilité financière pour les populations.
- Quelles sont les applications à usage local sur les magasins (stores) d’applications mobiles dans les domaines du transport, de la restauration, du tourisme, des médias ?
- Quelle est la précision et la richesse des informations sur les systèmes cartographiques en ligne (OpenStreetMap ou Google Map) ? Celles-ci peuvent servir d’indicateurs de la vivacité d’un secteur et de professionnels du numérique sur le territoire concerné.
- Quelle est l’offre de cybercafés et d’éventuels tiers-lieux
Tiers-lieux
Correspondent aux environnements sociaux autres que le domicile et le travail. Ce sont espaces physiques où les individus peuvent se rencontrer, se réunir et échanger de façon informelle en répondant aux besoins d’une communauté présente. Chaque tiers-lieu a une personnalité qui lui est propre, en fonction de sa localisation et de la communauté qui y est présente. Les espaces de coworking sont ainsi des tiers lieux spécifiques.
(espaces de coworking
Coworking
Type d’organisation du travail qui regroupe deux notions : un espace de travail partagé et un réseau de travailleurs (communauté) encourageant l’échange et l’ouverture. Les espaces de coworking sont considérés comme des tiers-lieux.
, fab lab) ? Cette évaluation peut offrir des pistes pour identifier les acteurs du secteur, voire de potentiels financeurs ou business angels
Business angels
Investisseurs providentiels : personnes privées possédant une expérience entrepreneuriale réussie qui investissent dans une jeune entreprise. Leur soutien est financier, mais aussi un coaching basé sur l’expérience, le réseautage et le développement des compétences. L’investisseur providentiel apporte un soutien particulier à la jeune entreprise dans la conception et l’exécution de son idée.
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Identifier les acteurs susceptibles de devenir des partenaires
Quels sont les acteurs locaux qui auront la plus grande familiarité et l’appétence à utiliser le numérique ?
Il s’agit de recenser les acteurs potentiellement concernés soit par la numérisation d’un projet concret, soit par l’émergence des TIC et l’écosystème qui leur est associé.
Identifier les dynamiques d’acteurs et les ressources externes mobilisables
- Quel est l’intérêt de chaque partenaire potentiel à développer les outils numériques : perspectives de profit, cause sociale ou politique, génération de connaissances nouvelles, gains d’efficacité ou de démocratie ?
- Quelles sont les ressources de chacun qui pourraient être mobilisées sur des projets avec l’autorité locale : financières, techniques, humaines, données ?
- Quels peuvent être les leviers d’engagement pour en faire des partenaires et conduire ensemble des actions : visibilité et marketing, partenariats complémentaires, ciblage d’actions pilotes ?
Définir le périmètre d’une action pilote
- Sur quel territoire veut-on agir ? Partir de la ville et resserrer à un arrondissement, un quartier.
- Sur quel périmètre sectoriel ? Partir d’une administration et resserrer à un service, une démarche.
- Avec quelle ampleur ? Identifier un problème spécifique, une niche sectorielle, un projet pilote, une action intégrée sur une zone.
- En utilisant quel levier ou outil ? La communication, une application de service, des capteurs, la dématérialisation d’une procédure ?
- En prévoyant le passage à plus grande échelle : quelles seront les capacités de traitement, de stockage, d’animation, d’actualisation de l’outil ?
Identifier les outils les plus adaptés en fonction des capacités et des objectifs fixés
À partir du schéma, choisir un ou plusieurs outils numériques abordables que l’autorité locale peut encourager (faire faire) ou développer directement.
Définir son positionnement en fonction de ses ressources
Un inventaire des ressources techniques, humaines et financières disponibles et mobilisables pour l’autorité locale permet de voir quels types d’actions et de financements elle peut engager pour passer à l’échelle.
- Disponibilités de données : comment agir pour qu’elles soient accessibles pour l’autorité locale, comment en faire bénéficier des acteurs tiers pour développer de nouveaux services ? Comment les rendre ouvertes pour certaines d’entre elles ?
- Agenda de l’innovation : comment cibler, en fonction de ses ressources, des actions soutenant l’innovation numérique ? Vers quels co-financeurs se tourner ?
- Existe-t-il une équipe municipale ou un petit groupe en interne familiarisé ou ayant un intérêt pour l’innovation numérique ?
- Est-il possible de dégager des fonds pour financer des événements d’open innovation Open innovation Désigne, dans les domaines de la recherche et du développement, des modes d’innovation fondés sur le partage et la collaboration (entre parties prenantes) avec des acteurs extérieurs à l’organisation. et subventionner les start-up Start-up Désigne une jeune entreprise à fort potentiel de croissance. Ces entreprises développent une idée, un produit, un modèle économique ou une technologie innovante et ambitieuse qu’elles se proposent de déployer très rapidement à très grande échelle. Elles ne sont pas forcément des entreprises technologiques. pour développer un prototype Prototype « Modèle original qui possède toutes les qualités techniques et toutes les caractéristiques de fonctionnement d’un nouveau produit » (OCDE), à petite échelle ou en phase pilote à tester. Utilisé en phase initiale d’un projet, il doit permettre de prouver la pertinence et l’utilité d’un produit ou d’un service avant sa généralisation. ?
- Existe-t-il des possibilités de financement pour s’engager dans des investissements locaux d’infrastructures (bornes wi-fi par exemple, SIG SIG Système d’information géographique : système conçu pour recueillir, stocker, traiter, analyser, gérer et présenter tous les types de données spatiales et géographiques. , serveurs accueillant des réalisations) ?
Choisir un indicateur significatif, mesurable et ajustable
Quels sont les indicateurs à retenir ?
- En termes d’efficacité économique : génération de revenus (augmentation de l’assiette de taxation, recouvrement accru), gains d’efficacité et coûts évités (économies de papier, d’énergie) ?
- En termes d’optimisation technique et de gestion : baisse de la corruption, réduction des pertes ou erreurs, prévention et atténuation des impacts d’une crise (pertes et dommages évités) ?
- En termes d’utilité sociale : augmentation du nombre d’usagers, développement de nouveaux services, transparence et confiance accrues, satisfaction des usagers ?
- En termes de durabilité environnementale : réduction de la consommation de ressources naturelles, réduction de la pollution, amélioration de la santé publique ?
Définir les premières actions de communication
- Comment diffuser l’information et sensibiliser les usagers : campagnes de communication, présence sur les réseaux sociaux, site Internet ?
- Comment faire remonter l’information et recueillir les avis : centres d’appels, enquêtes et questionnaires en ligne, système de gestion des plaintes et réclamations, outils de signalement des problèmes urbains ?
- Comment partager, informer et créer des espaces de dialogue : forums en ligne, dispositifs numériques participatifs, mise à disposition de données ouvertes ?
Autodiagnostic de la maturité numérique municipale
- Quel est l’accès à des connexions téléphoniques et Internet ? Quels sont les degrés d’équipement en téléphones, ordinateurs et imprimantes, logiciels installés et licences achetées, outils de gestion, de sauvegarde et d’archivage en ligne dans les services municipaux ?
- Existe-t-il des portails d’information et de communication au public (sites Internet, pages sur les réseaux sociaux, etc.) et quelle est leur fréquence de mise à jour ?
- Quel est l’état des données et des statistiques existantes : format, actualisation, possibilité de standardisation et d’interopérabilité entre les services, solutions de stockage ?
- Y-a-t-il un service informatique, où se situe-t-il dans l’organigramme ? Quelles sont les compétences et le degré de maîtrise du numérique des équipes, à titre personnel et professionnel ?
- Quelle pourrait être la personne ou le service, suffisamment transversal, légitime et innovateur pour porter le chantier numérique en interne ? Qui pourraient être des alliés en externe (universités, entrepreneurs, incubateurs
Incubateurs
Structure d’accompagnement de projets de création d’entreprises. Elle apporte un savoir-faire, un réseau et des moyens logistiques lors des premières étapes de la vie de l’entreprise. À la différence d’une pépinière d’entreprises ou d’un hôtel d’entreprises, un incubateur s’adresse à des sociétés très jeunes ou encore en création.
Les incubateurs peuvent se différencier par les services qu’ils proposent, leur caractère lucratif ou non, ou encore le type de projets qu’ils ciblent.
Depuis le milieu des années 2000, sont apparus les « incubateurs de deuxième génération » ou accélérateurs qui proposent des aides à la création d’entreprise en échange d’actions dans la société incubées.
) pour partager cette culture et méthode de l’innovation numérique ?
Construire une stratégie numérique locale
- Le territoire est-il suffisamment mature : y a-t-il une masse critique suffisante de start-up Start-up Désigne une jeune entreprise à fort potentiel de croissance. Ces entreprises développent une idée, un produit, un modèle économique ou une technologie innovante et ambitieuse qu’elles se proposent de déployer très rapidement à très grande échelle. Elles ne sont pas forcément des entreprises technologiques. , l’écosystème est-il déjà bien structuré, le taux de pénétration et de connectivité des populations est-il important ?
- Les compétences numériques sont-elles rassemblées : y a-t-il des organismes de formation au développement, des coachs ou mentors capables d’accompagner les entrepreneur·es, une volonté des agents publics à faire évoluer leurs pratiques ?
- Les moyens financiers sont-ils suffisants : y a-t-il un intérêt manifeste d’investisseurs, la possibilité d’obtenir et de distribuer des subventions via des appels à projets ?
- Le cadre réglementaire est-il stabilisé : quel est le cadre de régulation des fournisseurs d’accès à la téléphonie, l’encadrement de l’ouverture des données, quelles sont les marges de manœuvre des autorités locales pour définir leurs règles ?
- La vision du numérique sur le territoire est-elle claire : les opportunités concrètes par secteur, les risques, les mesures de contrôle à mettre en place sont-ils correctement appréhendés ?
- Les enjeux du territoire sont-ils adaptés à des solutions numériques : les problèmes urbains sont-ils bien identifiés et recensés, y a-t-il des données sur ces problèmes qui peuvent être partagées et soumises à des innovateurs pour qu’ils proposent des solutions ?