Transformer l’organisation locale par le numérique
Pilier 4
Consolider le numérique dans les pratiques des agents sur le long terme
Objectif
Le numérique est un secteur particulièrement dynamique et qui évolue rapidement dans les technologies et les usages. Il doit accompagner progressivement l’évolution de tous les métiers administratifs.
Une fois le mouvement de numérisation de l’autorité locale lancé et consolidé, on peut en assurer le suivi et l’intégrer dans des démarches locales de manière plus large, à travers :
la conception d’un plan stratégique numérique local capitalisant sur les premières actions pilotes ;
la mise en place d’un processus de renforcement continu de compétences des agents municipaux.
Concevoir un plan numérique local
Une fois plusieurs projets pilotes testés et évalués, il devient possible d’en tirer des enseignements et de préparer la conception d’un plan local numérique.
D’après les retours d’expériences, cette démarche est davantage un résultat qu’un préalable à l’introduction du numérique sur un territoire. Elle vise à généraliser les projets pilotes à l’échelle du territoire en suivant les mêmes étapes méthodologiques que pour un projet sectoriel.
Il peut être utile de recourir à une assistance à maîtrise d’ouvrage « ville intelligente » : des prestataires spécialistes de ce domaine (bureaux d’études ou cabinets de conseil) peuvent contribuent à bien définir le projet stratégique, à établir un diagnostic plus approfondi de la maturité numérique du territoire et de l’autorité locale, à maîtriser l’environnement technique et réglementaire, à découvrir des gisements d’opportunités et d’optimisation de l’action publique locale grâce aux outils numériques.
L’assistance technique peut revêtir plusieurs formes complémentaires pour apporter un regard extérieur :
accompagnement des décideur·es locaux pour bien comprendre les opportunités de la transition numérique ;
appui juridique sur la gestion de l’information et des données produites le territoire ;
conseil en management et organisation de la municipalité face au défi numérique ;
organisation de sessions de formation dédiées aux agents administratifs et aux responsables sur les outils testés au sein de l’autorité locale ;
élaboration de propositions de modes de gestion et des données.
Une stratégie numérique pour créer un cadre participatif autour de la ville intelligente.
La ville de Paris, associé à un comité de partenaires, a mis en place en 2015 une stratégie numérique intitulée « Paris intelligente et durable, perspectives 2020 et au-delà ». Elle a vocation à s’enrichir et évoluer au fur et à mesure des contributions des différents acteurs.
Des dispositifs numériques et ateliers de co-construction et groupes en ligne entre usagers, expert.e.s et agents publics sont mis en place pour développer la participation des citoyen.ne.s :
Paris Idée (https://idee.paris.fr/) est un espace de rencontre entre porteurs de projets et partenaires ;
Je m’engage pour Paris (https://jemengage.paris.fr/) recense les missions d’intérêt général selon des critères géographiques, thématiques et temporels et facilite les rencontres entre les bénévoles et les associations et collectifs ;
la carte interactive Carticipe (https://carticipe.net/) permet aux habitant.e.s de proposer et de voter pour des projets sur une carte de la ville disponible en ligne.
La création d’une structure indépendante dédiée à la ville intelligente permet de piloter la démarche de manière transversale. Composée d’une demi-douzaine d’agents et rattachée au Secrétariat général « Mission ville intelligente et durable », elle permet de suivre et d’impulser les projets, de gérer les réponses aux appels à projets nationaux et européens, d’organiser de nouveaux modes de travail avec les partenaires.
Cette structure transversale réunit l’ensemble des référents « innovation » des directions, soit six personnes chacune en charge d’une thématique (données, participation, mobilité, architecture, énergie, numérique et végétalisation).
À retenir
Le pilotage de la stratégie numérique s’est traduit par la création d’un service dédié au sein de la municipalité.
La stratégie s’est nourrie des résultats de plusieurs dispositifs de concertation avec les habitants utilisant les outils numériques.
Les compétences numériques sont-elles rassemblées : y a-t-il des organismes de formation au développement, des coachs ou mentors capables d’accompagner les entrepreneur·es, une volonté des agents publics à faire évoluer leurs pratiques ?
Les moyens financiers sont-ils suffisants : y a-t-il un intérêt manifeste d’investisseurs, la possibilité d’obtenir et de distribuer des subventions via des appels à projets ?
Le cadre réglementaire est-il stabilisé : quel est le cadre de régulation des fournisseurs d’accès à la téléphonie, l’encadrement de l’ouverture des données, quelles sont les marges de manœuvre des autorités locales pour définir leurs règles ?
La vision du numérique sur le territoire est-elle claire : les opportunités concrètes par secteur, les risques, les mesures de contrôle à mettre en place sont-ils correctement appréhendés ?
Les enjeux du territoire sont-ils adaptés à des solutions numériques : les problèmes urbains sont-ils bien identifiés et recensés, y a-t-il des données sur ces problèmes qui peuvent être partagées et soumises à des innovateurs pour qu’ils proposent des solutions ?
Offrir aux agents de la formation continue pour ces nouvelles compétences
L’utilisation du numérique pour la formation, ou l’e-éducation, peut s’appliquer à la fois au secteur des TIC elles-mêmes, mais plus largement à tous les domaines de l’action urbaine et locale. Ceci peut également être un moyen détourné de sensibiliser au numérique : une formation en ligne sur l’élaboration du cadastre, la gestion des crises ou encore les stratégies touristiques, peut servir de révélateur des potentiels du numérique, pour familiariser les porteurs de projet aux outils numériques.
Les autorités locales ont intérêt à tirer profit de la mise à disposition d’outils et de logiciels libres et ouverts, ainsi que des forums et des formations en ligne. La dématérialisation des échanges permet en effet de faciliter les modalités d’apprentissage des nouveaux outils numériques. Tous ces outils et contenus digitaux permettent aux autorités locales d’identifier ce qui existe, ce qu’il est possible de faire, et les méthodes qu’ont utilisées d’autres villes pour mettre en œuvre des projets numériques. En interne et en externe, les formations en ligne permettent d’accélérer le renforcement des compétences numériques locales à distance et à moindre coût.
Apprendre entre pairs : le dialogue de ville à ville
Enfin, le numérique est également un outil permettant l’échange d’expériences et le partage de bonnes pratiques. La constitution de réseaux de villes sur l’appropriation du numérique, leurs enjeux et modalités, peut bénéficier des TIC pour accélérer les échanges. La nouveauté du numérique rend le secteur à la fois particulièrement dynamique et instable : les retours d’expérience sont donc encore relativement frais. Les échanges entre pairs sont la source la plus sûre et le moyen le plus réactif à l’heure actuelle pour apprendre ce qui se fait, ce qui marche ou pas et ce qui peut se faire très concrètement de manière simple.
Des villes de taille intermédiaire travaillent en réseau pour créer des emplois grâce au numérique.
Le programme européen URBACT permet à onze villes à proximité de grands « hubs » d’apprendre sur le thème général de la création d’emplois. Le travail se fait à deux échelles.
des activités locales dans chaque ville à partir d’un Groupe de soutien local URBACT réunissant toutes les parties prenantes autour de l’autorité locale. Chaque groupe a l’objectif d’élaborer un agenda digital local sur le thème retenu.
Sur l’exemple d’une ville du programme, Clermont-Ferrand en France, le réseau a permis, en partant du souhait de l’autorité locale, de travailler au soutien de la filière image et son avec les parties prenantes :
réalisation d’un état des lieux de la filière de février à juin 2017 ;
co-définition d’une vision commune et partagée pour l’avenir de la filière (atelier participatif du 27 juin 2017) ;
identification d’actions dont le portage a vocation à être partagé entre les parties prenantes (juin 2017 à mai 2018).
Le dialogue entre pairs (de ville à ville) est un vecteur d’apprentissage puissant.
Les villes formant un réseau doivent s’assurer qu’elles ont envie d’apprendre les unes des autres et doivent trouver des sponsors pour financer leurs activités locales et transnationales.
L’expérience d’une ville du Nord mise à profit pour la mise en place de services numériques et d’espaces de dialogue avec les citoyen·nes dans une commune du Sud.
La ville de Guédiawaye est une des quatre communes qui composent l’agglomération dakaroise. Les différentes équipes municipales ont lancé des expérimentations de planification participative, notamment autour de projets de développement des usages du numérique (sites Internet municipaux, e-éducation, micro-crédits etc.). Afin d’apporter une cohérence d’ensemble au développement du numérique dans la ville, un projet de coopération décentralisée est né en 2008 entre la municipalité, la communauté d’agglomération Castres-Mazamet et l’université de Toulouse (France).
La municipalité française a mis au service de la ville de Guédiawaye son expérience et son savoir-faire dans le développement d’une plateforme numérique reconnue comme l’un des vecteurs majeurs du développement local (économique, enseignement et recherche).
Entre 2007 et 2010, une première phase a permis la mise en place d’un SIGSIGSystème d’information géographique : système conçu pour recueillir, stocker, traiter, analyser, gérer et présenter tous les types de données spatiales et géographiques. pilote permettant une gestion plus efficace des services de la municipalité et la diffusion d’une cartographie à l’usage des décideurs et de la société civile. Un portail collaboratif a également été développé pour échanger et mutualiser les initiatives des différentes catégories d’acteurs, mettre à disposition de l’information actualisée et répondant à aux besoins des citoyens, et les former à l’usage des outils (usage perçu comme incontournable).
Deux autres phases ont été mises en œuvre sur la période 2010-2015 : l’une pour renforcer les capacités institutionnelles et l’appropriation des outils par les acteurs locaux, l’autre, financée par l’AFD, pour étudier les possibilités d’essaimage régional.
À retenir
Les dispositifs de coopération décentralisée ont permis de développer l’apprentissage entre pairs et les capacités des acteurs en adaptant une solution française aux besoins d’une ville sénégalaise.
Partagez :
Transformer l’organisation locale par le numérique