L’arrivée des TIC dans la ville décuple les capacités de génération et de stockage des données utiles aux collectivités locales. Il leur revient de s’engager dans une politique de données ouvertes.
Les autorités locales ont aussi la responsabilité de contribuer à la production des données locales pertinentes et ouvertes. D’après OpenData France (association créée en 2013 pour regrouper et soutenir les collectivités territoriales françaises engagées activement dans une démarche d’ouverture des données publiques), un accent devrait être mis tout particulièrement sur les données suivantes :
- la décision publique (délibération, attribution de subvention aux associations, commande publique, etc.) ;
- l’état civil (sauf s’il est géré au niveau national) ;
- les services sociaux (petite enfance et scolaire, sport et culture, etc.) ;
- les équipements (description, horaire, événement et fréquentation) ;
- les services urbains : (transport, déchets, environnement) ;
- l’aménagement (voirie, réseaux, urbanisme, informations géographiques) ;
- les événements locaux (fêtes, marchés etc.).
Dans le cas de villes en développement, dans lesquelles les autorités locales manquent souvent de données, recourir au crowdsourcing Crowdsourcing L’« externalisation ouverte » en français consiste en l’utilisation des informations, de la créativité, de l’expertise ou de l’intelligence d’un grand nombre de personnes par l’intermédiaire d’une plateforme. Dans une approche économique, il peut s’agir de distribuer un grand nombre de tâches à moindre coût. Dans une approche collaborative, sociale ou altruiste, il s’agit de faire appel à des réseaux spécialisés ou au volontariat du grand public pour collecter ou traiter de l’information. est une solution peu coûteuse qui permet de collecter des informations complémentaires en prise avec la réalité.
Les bases de données des autorités locales doivent progressivement devenir les noyaux centraux de toute une architecture numérique. Qu’il s’agisse d’applications tierces, de la dématérialisation de procédures internes ou du partage des données avec le secteur privé de l’innovation, la structuration, l’harmonisation et la standardisation des données sont déterminantes. Si une autorité locale vise à piloter la gouvernance et les usages autour des données sur son territoire, elle a intérêt à construire ou consolider ses propres bases de données numérisées et à en définir les modalités d’ouverture en interne et en externe.
Ce processus doit permettre d’améliorer la communication, et donc la coordination, entre l’administration et les administré·es, mais aussi entre administrations, y compris les niveaux supérieurs de gouvernement. Les échanges avec d’autres autorités locales du pays peuvent également permettre d’adopter des procédures similaires pour pouvoir échanger des données selon des formats homogènes.
Ouvrir les données
Les données disponibles sur un territoire peuvent être soient fermées (payantes), soit partagées (avec un nombre restreint d’utilisateurs et sous conditions), soit ouvertes (open data
Open data
Donnée ouverte en français : donnée brute librement accessible et réutilisable. La philosophie pratique de la donnée ouverte préconise une libre disponibilité d’un maximum de données publiques pour tou·te·s et chacun, sans restriction de copyright, brevets ou d’autres mécanismes de contrôle. Afin de garantir la réutilisation, l’open data exige que l’information soit mise à disposition de manière structurée, documentée et facilement interprétable par une machine.
Le mouvement d’ouverture des données concerne en premier lieu les données collectées ou produites par un État, une collectivité territoriale ou un organe parapublic lors de ses activités de service public.
). Les données numériques sont de plus en plus considérées comme un bien commun. Ouvrir les données, c’est offrir à tou·tes sans discrimination, des données accessibles (financièrement et techniquement) et utilisables (sans restriction pour développer de nouveaux usages). Les données ouvertes doivent donc être de qualité et représentatives.
La mise à disposition des données brutes peut permettre le développement de nouveaux services par l’intermédiaire d’entreprises qui les réutilisent pour développer des solutions numériques ou pour améliorer leur fourniture d’un service urbain sur le territoire local.
Chaque autorité locale doit faire un choix clair entre les données numériques à partager en interne entre les services et celles à rendre accessibles en externe. Elle concevra ainsi sa stratégie d’open data Open data Donnée ouverte en français : donnée brute librement accessible et réutilisable. La philosophie pratique de la donnée ouverte préconise une libre disponibilité d’un maximum de données publiques pour tou·te·s et chacun, sans restriction de copyright, brevets ou d’autres mécanismes de contrôle. Afin de garantir la réutilisation, l’open data exige que l’information soit mise à disposition de manière structurée, documentée et facilement interprétable par une machine.
Le mouvement d’ouverture des données concerne en premier lieu les données collectées ou produites par un État, une collectivité territoriale ou un organe parapublic lors de ses activités de service public. .
Il est donc nécessaire de recenser, d’organiser, et de « nettoyer » les données existantes sur le territoire avant de les partager, c’est-à-dire de construire un système d’information clair, cohérent, harmonisé et organisé. Les données peuvent être quantitatives, mais aussi qualitatives sous la forme de vidéos, rapports, sondages etc. Les données produites selon différentes sources vont prendre des formats différents (en termes de pas de temps, d’échelle géographique, de fiabilité…). Leur croisement suppose donc un travail de standardisation pour réduire les coûts d’intégration et éviter d’être captif d’une solution technologique.
Les bases de données doivent également être actualisées le plus souvent possible, voire, si possible, géo-référencées. Elles doivent également être protégées et sécurisées. La gestion comprend au final l’intégration de données éparses dans une même base et croisant les informations. Cette interopérabilité de données, jusqu’alors éparses et incompatibles, offre la possibilité d’avoir une vision systémique de la ville et de ses composantes, et de mettre en évidence des points noirs ou des synergies.
À terme, l’ouverture des données suppose la création d’une équipe dédiée à cette tâche au sein de l’administration locale. Cette équipe sera alors responsable de la qualité et de l’intégrité des données dont elle a la compétence.
La gestion de données va devenir une compétence à part entière parmi celles dévolues aux autorités locales et les villes doivent s’y préparer. Il existe des outils numériques ouverts, notamment des plateformes de logiciels qui ne requièrent ni achat de licence, ni serveur localisé localement, mais un abonnement à des produits prêts à l’emploi et disponibles en ligne.
Partager les données via des interfaces de programmation ouvertes
L’ouverture des données est la mise à disposition de fichiers à destination du public. Elles doivent être sécurisées. Elles doivent également être actualisées de manière régulière pour certaines, en temps réel pour d’autres : c’est sur cette base que les applications spécialisées peuvent se développer, comme par exemple une application d’information sur les horaires de passage des transports.
Pour pouvoir mettre ces données à disposition en toute sécurité et que les informations restent stables, compréhensibles, utilisables et cohérentes, il faut offrir des interfaces de programmation ouvertes. Elles permettent à des tiers de venir interroger les bases de données, puis de les traiter pour développer des applications. Dans cette logique, les autorités deviennent alors des plateformes de fourniture d’informations à partir desquelles les start-up Start-up Désigne une jeune entreprise à fort potentiel de croissance. Ces entreprises développent une idée, un produit, un modèle économique ou une technologie innovante et ambitieuse qu’elles se proposent de déployer très rapidement à très grande échelle. Elles ne sont pas forcément des entreprises technologiques. développent les services à valeur ajoutée.
Développer des API
API
Interface de programmation (application programming interface en anglais) qui permet à un logiciel de fournir des services ou des données à un autre logiciel de manière simple. L’API de géocodage proposée sur le site data.gouv.fr permet par exemple de transformer une adresse postale en coordonnées géographiques.
(application programming interface) suppose des compétences techniques confirmées, des équipes dédiées et spécialisées pour la conception et la maintenance. Le surcoût financier et humain suppose une certaine maturité numérique de l’autorité locale.
D’après OpenData France, il revient aux collectivités territoriales de s’organiser pour publier les données de leur territoire. Elles pourront le faire au choix :
- sur leur propre site Internet ;
- sur un site dédié de publication des données (portail), développé en propre ou hébergé chez un éditeur spécialisé dans ce domaine (OpendataSoft , MGDIS, ESRI, InfoPro, etc.) ;
- sur un site de publication mutualisé géré par un acteur public de niveau supérieur (région ou État) ;
- sur des portails thématiques ou collectifs à un territoire. Les données de la collectivité pourront cohabiter avec d’autres données de sources publiques ou privés.