Améliorer les relations entre les autorités locales et les citoyen·nes
Étape 4
Commencer par des actions pilotes pour initier un cercle vertueux avec les citoyens
Objectif
L’e-gouvernance permet une participation accrue des populations à la prise de décision, au suivi des démarches administratives et au paiement des impôts.
Initier le cercle vertueux entre services administratifs de meilleure qualité, redevabilité et confiance, et volonté à payer pour ces services peut se faire selon trois axes.
La mise en place d’une stratégie de communication et de consultation régulière et transparente, interactive, permettant des échanges bilatéraux. Il ne s’agit pas seulement fournir de l’information sur un site Internet, mais aussi de pouvoir, via des espaces de discussion et de dialogue en ligne, recueillir les avis et besoins des usagers afin d’orienter les décisions. Cette communication ne peut pas être une simple vitrine : si l’autorité locale n’est pas en capacité de répondre aux expressions citoyennes, elle risque de créer des frustrations. Prendre en considération les retours citoyens est aussi un moyen de renforcer la pertinence et la légitimité des décisions prises.
La dématérialisation des démarches qui fluidifie et facilite l’accès aux services administratifs en contribuant à une réduction des distances et des délais et à une plus grande transparence dans le traitement et le suivi des dossiers et des paiements. Ceci allège les procédures pour les usagers comme pour les agents municipaux.
La collecte des impôts et taxes grâce à des outils numériques. Le paiement mobile est un premier moyen de lever les obstacles techniques et administratifs pour le reçu des paiements. Mais plus globalement, les TIC participent d’une réduction des suspicions de détournement, corruption ou malversations grâce à l’automatisation des tâches. Des systèmes de suivi neutres et objectifs instaurent la confiance et désamorcent des contestations éventuelles.
Pour que ces dispositifs fonctionnent, l’autorité locale doit être responsable de la sensibilisation des citoyen·nes, de leur participation libre et représentative, et de l’accessibilité des services.
Devenir une autorité locale « en ligne » suppose de mener en interne un travail de numérisation de ses capacités de réponse (partie C, pilier 2). Clarifier cette volonté et capacité à fournir des services à la hauteur des attentes suscitées doit être mis en balance au moment de la définition des objectifs prioritaires.
Une consultation citoyenne en ligne pour l’établissement du budget municipal.
Des initiatives de budgets participatifs ont démarré au Brésil dès les années 1990. La ville de Belo Horizonte a expérimenté un e-budget participatif pour accroître et diversifier la participation.
La plateforme de vote en ligne créée en 2006 par la municipalité fournit des informations sur le dispositif et sur les projets, des vidéos et images, permet aux citoyen·nes d’interroger l’administration municipale et offre des possibilités de débats (forum en ligne).
Une campagne de communication a fortement mobilisé la municipalité et les acteurs de la société civile (associations) qui ont diffusé l’information par des moyens traditionnels (flyers, posters, télévision, radio), mais également via une campagne en ligne (réseaux sociaux, mailing-list, etc.). Des points de vote publics par Internet ont été mis en place dans toute la ville.
En 2006, le e-budget a réuni sept fois plus de participant·es que le dispositif traditionnel (près de 10 % des électeur·trices). Parmi les 500 000 votes, un peu plus d’un tiers ont été enregistrés en ligne. Les TIC ont permis de réduire les coûts de participation, notamment les coûts de déplacement des votant·es.
Associer les habitant·es à l’élaboration d’un budget municipal par les outils numériques permet de garantir une meilleure transparence de l’action de la ville et de toucher un plus large public.
Les dispositifs numériques sont complémentaires des dispositifs de participation classiques et ne peuvent pas faire l’économie d’une campagne de communication « traditionnelle ».
Un système unifié de gestion de l’information qui permet l’enregistrement en ligne, la déclaration et le paiement des taxes et impôts locaux.
La Kampala Capital City Authority (KCCA) a lancé en 2014 le programme E-Citie pour améliorer l’efficience de la collecte des recettes fiscales, accroître le poids de la fiscalité locale dans les recettes de fonctionnement et limiter ainsi la dépendance aux transferts du gouvernement central.
Plusieurs modalités de systèmes de paiement ont été mis en place : guichets, points de vente, banques, téléphones mobiles, ou ordinateur.
Le système a d’abord été expérimenté dans le secteur des transports (taxes d’utilisateurs de la route et frais d’opérations de taxis) et va être adapté à d’autres flux de revenus (taxes hôtelières, licences commerciales, impôts immobiliers). Il a permis d’identifier et de centraliser la base des contribuables dans un registre municipal, ce qui facilite le suivi et améliore la collecte des taxes et remboursements (rappels SMS des délais, confirmation des paiements).
Entre 2011 et 2016, la KCCA a ainsi connu une hausse de 266 % de ses recettes fiscales. La collecte totale de revenus à travers le paiement mobile a atteint 12,8 % des revenus collectés.
Une commune et une ONG s’engagent comme partenaires d’une utilisation du numérique pour améliorer la collecte des taxes locales.
Le projet YTax a été mis en place à Mbacké (Sénégal) à l’est de Dakar pour élargir l’assiette fiscale des collectivités et développer une bonne décentralisation financière.
L’initiative a été lancée par Enda ECOPOP (Espaces co-production et d’offres populaires pour l’environnement et le développement en Afrique), une ONG dont le siège est à Dakar. Le système intégré de collecte des taxes municipales proposé depuis 2015 a été imaginé en partenariat avec les municipalités de communes pilotes pour combler la défaillance du système de collecte fiscale existant :
un système obsolète faisant souvent l’objet de fraudes ou de corruption ;
une absence de contrôle efficace des recettes collectées ;
un déficit d’information du contribuable et de communication sur l’usage des ressources financières locales collectées, et manque de transparence.
Une des difficultés rencontrées lors de la mise en place du système a été la résistance au changement des agents collecteurs et les difficultés d’appropriation des nouveaux outils.
Lorsqu’une commune adhère à Ytax, l’agent de l’administration en charge de la fiscalité enregistre les différents acteurs de la gestion des taxes communales dans le système et chaque acteur bénéficie d’un compte utilisateur. Les percepteurs font ensuite du porte-à-porte avec un téléphone portable, un terminal 3G et une mini-imprimante (pour les reçus), en lien avec un serveur municipal, permettant ainsi la création de bases de données fiables. Les contribuables sont géolocalisés, sensibilisés et impliqués avec le soutien des conseils de quartiers.
À Mbacké, le recouvrement des taxes est passé d’un montant moyen quotidien de 75 euros à 540 euros après trois mois d’expérimentation. L’initiative cherche à présent à passer à une échelle supérieure dans le cadre d’un programme national dans cinquante-trois communes du Sénégal, et à développer un module de mobile banking qui permettrait de dématérialiser la chaîne fiscale dans son ensemble.